Cette affirmation s’appuie sur des chiffres réels mais décontextualisés. En réalité, les données prouvent au contraire l’efficacité de la protection vaccinale.
Selon les militants antivaccin, les premières données officielles des autorités sanitaires britanniques montreraient que les personnes vaccinées contre le Covid-19 ne seraient pas protégées contre le variant Delta. Pire : les personnes vaccinées seraient même plus susceptibles d’en mourir, croient savoir certains, qui interprètent de travers un rapport officiel de Public Health England publié le 25 juin et portant sur les cas identifiés en Angleterre (les données ne portent pas sur la totalité du Royaume-Uni).
Il est vrai que les données de ce rapport peuvent prêter à confusion : dans un tableau publié pages 13 et 14 et souvent cité hors de son contexte, on peut effectivement voir que le nombre de décès du variant Delta est plus élevé chez les personnes âgées de plus de 50 ans qui sont vaccinées que chez celles qui ne le sont pas.

Pour certains, aucun doute : il s’agit de la preuve de l’inefficacité, voire de la dangerosité des vaccins. Le schéma ci-dessous correspond à ce qui semble ressortir du rapport officiel britannique à la première lecture de ces chiffres.

Mais attention : notre cerveau est induit en erreur par une donnée manquante. En l’occurrence, le réflexe consiste à penser que l’on compare un nombre identique de personnes de plus de 50 ans vaccinées et non vaccinées. Or ce n’est absolument pas le cas.
Pour s’en apercevoir, consultons les données officielles du National Health Service (le service de santé britannique), et plus précisément le bulletin sur l’avancement de la campagne de vaccination au 13 juin – lequel a été publié le 17, soit une dizaine de jours avant le décompte des décès du variant Delta. Il y apparaît clairement que, parmi les Anglais âgés de plus de 50 ans, les non-vaccinés sont une minorité : ils représentent seulement 3,7 % de leur classe d’âge.

Dès lors, toute comparaison en valeur absolue du nombre de décès chez les vaccinés et les non-vaccinés donne une idée faussée de la réalité, puisque la population de référence n’est pas équivalente. Ce qu’il faut plutôt regarder pour éviter ce biais, c’est le taux de mortalité, c’est-à-dire le nombre de décès d’une maladie donnée rapportée à une population égale (souvent exprimé pour 10 000 ou pour 100 000 habitants). Le tableau apparaît soudain sous un jour très différent.

Au regard des chiffres de Public Health England, une personne non vaccinée âgée de 50 ans a en réalité presque vingt fois plus de chances de décéder du variant Delta qu’une personne qui est protégée par un vaccin anti-Covid-19. Ces chiffres sont cohérents avec les autres données du rapport (souvent passées sous silence par les militants antivaccin) : ils établissent (page 39) que la vaccination permet de réduire de 80 % (pour une dose) et de 96 % (pour deux doses) le risque d’être hospitalisé pour une forme grave de la maladie. Par ailleurs, parmi les personnes âgées de moins de 50 ans, huit sont mortes. Deux avaient reçu une première dose, six n’étaient pas vaccinées.