Solutions Masques : Masques transparents et réutilisables

Les vaccins contre le Covid-19 ont-ils la même efficacité selon l’âge ou le sexe ?

Les vaccins contre le Covid-19 ont-ils la même efficacité selon l’âge ou le sexe ?

La réponse immunitaire induite par la vaccination décline avec l’âge, et est légèrement moins marquée chez les hommes… Mais les études épidémiologiques confirment que la protection contre les infections symptomatiques reste très élevée, même chez les plus de 85 ans.

Vous nous demandez si le taux d’efficacité identifié pour les différents vaccins contre le Covid-19 (pour une souche virale donnée) est constant dans toutes les classes d’âges, et quel que soit le sexe du vacciné. Autrement dit, s’il y a des catégories de populations mieux protégées que d’autres.

Pour de nombreuses maladies, on sait déjà que la réponse immunitaire (face à l’infection ou au vaccin) est souvent chez les patients les plus âgés. On parle d’immunosénescence. Le phénomène est particulièrement bien documenté pour la grippe où, en réaction à une dose de vaccin, des anticorps efficaces sont certes produits par les sujets âgés, mais en moindre quantité, du fait d’une activité affaiblie de certaines cellules immunitaires. Divers travaux ont également suggéré l’induction d’une immunité légèrement supérieure chez les femmes, pour quelques vaccins.

Des essais cliniques peu bavards

Est-ce également le cas concernant les vaccins contre le Covid-19 ? Suite aux essais cliniques préalables aux autorisation de mise sur le marché, les différents laboratoires ont expliqué que l’efficacité constatée était «globalement proche», quel que soit l’âge, le sexe, ou encore l’origine ethnique des participants. Mais toutes les classes d’âges n’étaient pas nécessairement représentés de façon égale dans ces études. Dans l’essai d’AstraZeneca, par exemple, à peine 6% des volontaires avaient plus de 70 ans.

Or, l’estimation du taux d’efficacité «par âge» est assortie d’une incertitude d’autant plus importante que le nombre de participants est faible – de la même façon qu’un sondage est d’autant moins précis que le nombre de sondés est petit. Certains essais ont également recruté plus tardivement les sujets âgés, réduisant la durée de suivi permettant d’observer la survenue de nouveaux cas.

L’immunosénescence se lie dans les prélèvements sanguins

Depuis, plusieurs études ont été menées pour évaluer la qualité de la réponse immunitaire aux vaccins ARNm, chez les sujets âgés récemment vaccinés à deux doses. Avec, dans certains cas, des résultats préoccupants.

Des travaux allemands publiés fin avril  ont ainsi évalué la quantité d’anticorps reconnaissants la protéine Spike du SARS-CoV-2 chez 93 volontaires de moins de 60 ans et 83 personnes âgées de plus de 80 ans. Les taux d’anticorps se sont avérés «significativement plus faibles chez les participants âgés», après la première comme la seconde dose. «Après la deuxième vaccination, 31,3 % [des plus de 80 ans] n’avaient pas d’anticorps neutralisants détectables, contre 2,2% [dans le groupe plus jeune].»

Des travaux nord-américains publiés en juin, menés grâce à des tests plus sensibles et sur des personnes vaccinées depuis six mois, ont un peu tempéré ces premières conclusions. Les chercheurs y observent en effet qu’une activité de neutralisation est détectable chez quasiment tous les participants, quel que soit l’âge. Toutefois, ils confirment que les taux d’anticorps mesurés sont plus faibles pour les classes d’âges les plus élevées.

Parmi les articles actuellement en prépublication (qui n’ont pas encore fait l’objet d’un examen critique par des chercheurs du domaine) portant sur ces questions, on peut noter une étude britannique menée auprès de plus de 8 800 participants, qui rapporte également une corrélation entre âge avancé et taux plus faibles d’anticorps induits par un vaccin à ARNm. Ces recherches identifient également, chez les plus de 65 ans, des taux d’anticorps significativement plus faibles chez les hommes que chez les femmes. On peut également citer les résultats de travaux estoniens menés sur 118 vaccinés âgés de 21 à 68 ans, qui estiment «robuste» la réponse immunitaire après la seconde dose (Pfizer), dans toutes les classes d’âge, tout en constatant une baisse plus marquée des taux d’anticorps chez les hommes et les sujets les plus âgés, six semaines après la seconde injection

Un effet «en vie réelle» sur les infections asymptomatiques

Les variations observées dans ces analyses sont-elles marginales, ou se traduisent-elles «en vie réelle» par une efficacité vaccinale moindre chez les sujets âgés ?

Une étude danoise prépubliée en mars, sur des personnes à la fois malades et âgées, laissait craindre une différence particulièrement marquée. Menée dans un établissement de soins de longue durée, elle constatait un taux de protection contre l’infection de 90% chez le personnel soignant (soit dix fois moins de formes symptomatiques et asymptomatiques chez les vaccinés) contre seulement 64% chez les résidents d’âge médian 84 ans. Toutefois, ces données ne reflétaient pas exactement le «taux d’efficacité vaccinal» tel qu’il est usuellement défini, qui se base sur les seules infections symptomatiques. En outre, du fait du nombre relativement réduit de patients, il n’est pas exclu que le taux d’infection puisse être sensiblement plus bas ou plus élevé dans une plus vaste population d’âge équivalente.

Une étude israélienne, également publiée mi-mai, et portant sur plus de 100 000 personnes suivies en conditions réelles, évite ces différents écueils. Ses conclusions sont beaucoup plus optimistes. En effet, des différences liées à l’âge ont bien été constatées, mais leur ampleur apparaît dérisoire. L’efficacité vaccinale contre les cas symptomatiques est ainsi estimée voisine de 97,5% chez les moins de 45 ans, et entre 96% et 97% chez les plus de 65 ans (chiffres cohérents avec ceux identifiés par les Center for Disease Control étasuniens). Pour les plus de 85 ans, cette efficacité serait comprise dans une fourchette à peine plus large, comprise entre 95,2% et 97,6%. Des données similaires ont été remontées pour les formes graves du Covid-19.

Les disparités les plus marquées concerneraient les infections asymptomatiques, avec une protection estimée entre 92,8% et 94,4% avant 45 ans, entre 86,4% et 90,3% au-delà de 65, et entre 76,3% et 88,1% pour les plus de 85 ans.

L’âge semble donc être un critère de moindre efficacité des vaccins à ARNm contre les formes asymptomatiques, ce qui pose des questions pour la maîtrise de la propagation du virus. En revanche, il n’affecterait pas significativement la mission première du vaccin, à savoir réduire les cas symptomatiques et les cas graves.

On notera que si l’essentiel des données actuellement disponibles sur le sujet concernent le vaccin de Pfizer, une étude anglaise publiée mi-mai dans le British Medical Journal la suggéré un taux d’efficacité équivalent (environ 90%) avec celui d’AstraZeneca auprès des personnes âgées de plus de 70 ans.

Une meilleure estimation de l’efficacité vaccinale selon l’âge reste également importante pour améliorer la modélisation des risques liés à l’épidémie, et mieux définir la couverture vaccinale efficace selon la démographie des différents territoires.

Source : Libération https://www.liberation.fr/checknews/les-vaccins-contre-le-covid-19-ont-ils-la-meme-efficacite-selon-lage-ou-le-sexe-20210703_OOZIZUFEQRG63PZCP3VJ3G5WMM/
Auteur : Florian Gouthière
Photo : Le 29 juin dans un centre de vaccination de la place de la République, à Paris. (Martin Bureau/AFP)

.hero[id]{ background-size: contain !important; height: 41vw !important; width: 100% !important; }